Agressions sexuelles par le beau-papa
Par Daniel Lambert, psychologue
Elle n'avait que 11 ans et elle désirait que les agressions cessent.
Elle est la raison principale qui me motive depuis à faire quelque chose pour prévenir les agressions sexuelles.
C'était vers les années 95. J'étais tout frais sorti de l'université et psychologue de son école primaire.
Sa professeure me l'a référée parce qu'elle croyait son histoire et voulait que ça cesse.
La petite, appelons-la Marie, était jumelle identique avec Marion qui elle, n'était pas agressée, supposément.
Elle est la raison principale qui me motive depuis à faire quelque chose pour prévenir les agressions sexuelles.
C'était vers les années 95. J'étais tout frais sorti de l'université et psychologue de son école primaire.
Sa professeure me l'a référée parce qu'elle croyait son histoire et voulait que ça cesse.
La petite, appelons-la Marie, était jumelle identique avec Marion qui elle, n'était pas agressée, supposément.
Le courage d'une petite fille blessée
Tout en se tortillant de malaise sur sa chaise, et avec beaucoup de
difficulté, Marie me raconta que son beau-père avait l'habitude de dire à
Marion d'aller dans sa chambre et ensuite de l'agresser elle dans le
salon, lorsque sa mère n'était pas là.
J'ai tout de suite cru cette enfant qui ne demandait que de vivre une vie normale d'enfant.
Je l'ai convaincu que je devais appeler un autre professionnelle (la protection de la jeunesse) et qu'elle devrait raconter son histoire à nouveau à quelqu'un d'autre afin que les agressions cessent.
Elle ne voulait pas que je fasse cet appel, mais elle voulait que les agressions cessent alors elle a finalement acceptée.
J'ai tout de suite cru cette enfant qui ne demandait que de vivre une vie normale d'enfant.
Je l'ai convaincu que je devais appeler un autre professionnelle (la protection de la jeunesse) et qu'elle devrait raconter son histoire à nouveau à quelqu'un d'autre afin que les agressions cessent.
Elle ne voulait pas que je fasse cet appel, mais elle voulait que les agressions cessent alors elle a finalement acceptée.
La lenteur d'un système débordé
Je savais que le travailleur social de la DPJ (direction de la
protection de la jeunesse) ne rencontrerait pas Marie avant au moins
quelques semaines. Ces gens sont vraiment débordés de cas de
maltraitance d'enfants et, malheureusement, les cas d'agressions
sexuelles ne sont pas jugés prioritaires car la vie de l'enfant n'est
pas en danger, surtout lorsque les agressions ne sont pas violentes...
Ça, c'est une autre histoire...
Bref, jeune psychologue voulant changer le monde, je désirais "protéger" cette petite fille de son beau-père, en attendant que le travailleur social puisse la rencontrer et faire son enquête auprès de la famille.
Ça, c'est une autre histoire...
Bref, jeune psychologue voulant changer le monde, je désirais "protéger" cette petite fille de son beau-père, en attendant que le travailleur social puisse la rencontrer et faire son enquête auprès de la famille.
Mon idée "géniale"
J'eus l'idée de rencontrer la mère de la petite. Je me suis dit
qu'idéalement la mère me croirait et mettrait elle-même cet homme à la
porte ou, de façon plus réaliste, qu'elle ne me croirait pas vraiment
mais garderait tout de même un oeil sur "son homme", juste au cas.
Je sais, avec le recul (et l'expérience), je conçois que c'était naïf, mais à ce moment là , tout ce que je voyais c'est que si je ne faisais rien, je laissais Marie se faire agresser je ne sais combien de fois en attendant l'arrivée du travailleur social.
J'ai ensuite réfléchi à comment je pourrais faire pour convaincre la mère que son mari agressait sa fille. Pas facile à accepter, surtout venant d'un inconnu, moi!
C'est alors que j'ai pensé que si sa propre fille lui racontait ce qu'elle vivait, la mère aurait plus de chance d'être touchée et de réagir.
J'ai donc convoqué la mère et demandé à Marie de lui raconter ce qu'elle m'avait raconté.
Je sais, avec le recul (et l'expérience), je conçois que c'était naïf, mais à ce moment là , tout ce que je voyais c'est que si je ne faisais rien, je laissais Marie se faire agresser je ne sais combien de fois en attendant l'arrivée du travailleur social.
J'ai ensuite réfléchi à comment je pourrais faire pour convaincre la mère que son mari agressait sa fille. Pas facile à accepter, surtout venant d'un inconnu, moi!
C'est alors que j'ai pensé que si sa propre fille lui racontait ce qu'elle vivait, la mère aurait plus de chance d'être touchée et de réagir.
J'ai donc convoqué la mère et demandé à Marie de lui raconter ce qu'elle m'avait raconté.
La froideur d'une mère qui ne veut pas croire l'impensable
Encore une fois, le témoignage de Marie était troublant, crève-coeur,
mais la mère, que j'observais du coin de l'oeil, restait froide et
distante. Je sentais déjà que "mon plan" ne fonctionnait pas, vraiment
pas.
Une fois l'histoire de la petite terminée, la mère nia tout en disant que c'était impossible car son mari était impuissant...
Déjà je regrettais "mon plan" car Marie venait d'entendre que sa mère ne la croyait pas!
Je ne sais pas pourquoi, mais la mère en ajouta, probablement pour se convaincre elle-même que "son homme" ne pouvait pas agresser sa fille, mais elle en ajouta.
Ses paroles sont encore gravées dans ma mémoire comme si elles avaient été prononcées hier.
La mère regarda sa fille puis me dit en me fixant dans les yeux : "Si mon mari avait à agresser quelqu'un, il ne choisirait pas Marie, mais plutôt Marion qui est beaucoup plus souriante et sociale que Marie".
Puis elle termina en lançant que Marie disait probablement ces choses horribles juste pour qu'elle laisse son mari et revienne avec son vrai père.
J'étais scié!
Une fois l'histoire de la petite terminée, la mère nia tout en disant que c'était impossible car son mari était impuissant...
Déjà je regrettais "mon plan" car Marie venait d'entendre que sa mère ne la croyait pas!
Je ne sais pas pourquoi, mais la mère en ajouta, probablement pour se convaincre elle-même que "son homme" ne pouvait pas agresser sa fille, mais elle en ajouta.
Ses paroles sont encore gravées dans ma mémoire comme si elles avaient été prononcées hier.
La mère regarda sa fille puis me dit en me fixant dans les yeux : "Si mon mari avait à agresser quelqu'un, il ne choisirait pas Marie, mais plutôt Marion qui est beaucoup plus souriante et sociale que Marie".
Puis elle termina en lançant que Marie disait probablement ces choses horribles juste pour qu'elle laisse son mari et revienne avec son vrai père.
J'étais scié!
Le mal était fait
J'aurais voulu prendre Marie dans mes bras et lui dire que moi je la
croyais. J'aurais voulu effacer de sa mémoire ce que sa mère venait de
dire.
La petite venait non seulement d'entendre que sa mère ne la croyait pas, mais encore pire, qu'elle n'était pas assez bonne pour être agressée!!!!!
Suite à cette rencontre, la mère a refusé que je revois sa fille, prétextant que c'était moi qui lui mettais ces choses dans la tête.
La petite venait non seulement d'entendre que sa mère ne la croyait pas, mais encore pire, qu'elle n'était pas assez bonne pour être agressée!!!!!
Suite à cette rencontre, la mère a refusé que je revois sa fille, prétextant que c'était moi qui lui mettais ces choses dans la tête.
L'arrivée du travailleur social
2-3 semaines plus tard, le travailleur social arriva à l'école et
rencontra Marie.
Le dossier fut ouvert et fermé dans la même avant-midi.
Lorsque le travailleur social demanda à Marie de lui raconter ce qui se passait avec son beau-père, Marie répondit comme sa mère. "J'ai tout inventé, il ne s'est rien passé". Malgré les interventions du travailleur social, rien à faire, Marie reste sur sa position : elle a tout inventé...
Et Marie retourna chez elle et je n'y pouvais plus rien...
En retournant chez elle vaincue et ça le beau-père le savait bien, soyez certain qu'il en a profité!
Je l'entends presque dire à Marie qu'elle doit maintenant payer pour ce qu'elle a fait, qu'elle doit se faire pardonner pour ce qu'elle a dit et que si l'envie lui prend de parler à nouveau, personne ne la croira de toute façon!
Le dossier fut ouvert et fermé dans la même avant-midi.
Lorsque le travailleur social demanda à Marie de lui raconter ce qui se passait avec son beau-père, Marie répondit comme sa mère. "J'ai tout inventé, il ne s'est rien passé". Malgré les interventions du travailleur social, rien à faire, Marie reste sur sa position : elle a tout inventé...
Et Marie retourna chez elle et je n'y pouvais plus rien...
En retournant chez elle vaincue et ça le beau-père le savait bien, soyez certain qu'il en a profité!
Je l'entends presque dire à Marie qu'elle doit maintenant payer pour ce qu'elle a fait, qu'elle doit se faire pardonner pour ce qu'elle a dit et que si l'envie lui prend de parler à nouveau, personne ne la croira de toute façon!
Pour que ça change
Pour cette histoire et les milliers d'autres du même genre chaque année,
il faut agir!
Si quelqu'un avait enseigné à Marie que ce que son beau-père lui demandait de faire ne se demandait pas à des enfants et si le beau-père avait su que la petite savait, croyez-vous vraiment qu'il aurait tenté d'agresser Marie, au risque qu'elle le dénonce?
Si la mère de Marie avait connu les statistiques sur les agressions sexuelles, si elle avait su que majoritairement les agresseurs sont des personnes proches de leurs victimes, croyez-vous qu'elle aurait eu plus de chances de croire sa fille?
Et si elle l'avait cru, Marie aurait pu vivre une vie sans agression et découvrir une mère qui croyait en elle.
Voilà pourquoi j'ai créé Grandir en sécurité, en collaboration avec une intervenante en petite enfance.
Découvrez ces outils en cliquant ici!
Si quelqu'un avait enseigné à Marie que ce que son beau-père lui demandait de faire ne se demandait pas à des enfants et si le beau-père avait su que la petite savait, croyez-vous vraiment qu'il aurait tenté d'agresser Marie, au risque qu'elle le dénonce?
Si la mère de Marie avait connu les statistiques sur les agressions sexuelles, si elle avait su que majoritairement les agresseurs sont des personnes proches de leurs victimes, croyez-vous qu'elle aurait eu plus de chances de croire sa fille?
Et si elle l'avait cru, Marie aurait pu vivre une vie sans agression et découvrir une mère qui croyait en elle.
Voilà pourquoi j'ai créé Grandir en sécurité, en collaboration avec une intervenante en petite enfance.
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